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un disciplinaire d’oléron à la crapaudine rampant vers sa gamelle.
(D’après une photographie au magnésium.)


Le Bagne militaire d’Oléron


Dans les études parues ici même [1] et où nous initiâmes le public au fonctionnement des corps disciplinaires, les documents produits étaient tous relatifs à des corps de troupe établis outre-mer, ce qui a pu suggérer au lecteur cette remarque : « Ces meurtres, ces sévices corporels sont rendus possibles par l’éloignement de ces corps, par l’absence du contrôle civil ; mais en France, sous les yeux de la population, ils seraient impossibles ». Détruire cette illusion sera l’objet du présent article.

Des disciplinaires en France ! le fait étonnera même des militaires, même des fonctionnaires de la Marine ; le ministre sous l’administration de qui sont placés ces disciplinaires en sera peut-être stupéfait plus que personne… Point n’est besoin d’affronter le sirocco de l’Erg saharien, le vomito-negro du Sénégal, les fièvres de Madagascar, pour voir ce Biribi à sinistre renommée : en quelques heures l’express Paris-Bordeaux peut y conduire les incrédules ; la nuit, le feu électrique de Royan rayonne dans son ciel… Ce Biribi inconnu est établi dans la citadelle de Château-d’Oléron, île d’Oléron (Charente-Inférieure), dans la triple enceinte de fortifications élevée par Richelieu. Il enferme les dépôts de deux corps disciplinaires : 1° celui de la Compagnie de fusiliers de dis-

  1. La revue blanche des 15 juillet et 15 août 1900 et 1er  janvier 1901.