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III

Une semaine après l’arrivée du premier bateau, un deuxième convoi de 1.900 doukhobors arriva sur le « Lake Superior ». Ce bateau fut tenu en quarantaine pendant vingt et un jours. Heureux retard, car les bâtiments destinés à recevoir les nouveaux arrivants n’étaient pas prêts.

Le gouvernement canadien était très soucieux de transférer au plus vite les doukhobors dans les campagnes, car on était en février 1899, et on attendait, fin de mars, un grand nombre d’immigrants pour lesquels on aurait besoin des bâtiments encore occupés alors par les doukhobors. (Dans chaque ville du Canada, il y a des bâtiments destinés à l’usage des immigrants.) Un grand nombre d’ouvriers auxquels s’adjoignirent 150 doukhobors partirent pour construire des bâtiments provisoires. On en bâtit deux pour commencer : l’un sur les bords du Swan River ; l’autre sur Dead Horse Creek ; le terrain où fut construit le premier fut nommé Campagne du Nord, l’autre Campagne du Sud.

Dans cette campagne du Swan River, 1.300 doukhobors vinrent s’installer ; les autres et tous ceux qui étaient arrivés par le deuxième convoi s’installèrent dans la campagne Dead Horse Creek.

Dès le printemps, les doukhobors commencèrent les semailles du blé.

Tout doukhobor âgé d’au moins dix-huit ans reçut un lot de terrain. On décida de ne pas déboiser la campagne.

Au Canada, tout le territoire est divisé en lots de six kilomètres carrés. Chaque carré s’appelle township ; chaque township est divisée en 36 sections ; chaque section se divise à son tour en quatre homesteads. Chaque homestead a 2.500 ares. Tout immigrant ou toute veuve avec ses enfants a le droit d’occuper un homestead en payant 52 francs. Les mêmes droits furent accordés aux doukhobors, mais en outre on les autorisa à occuper, non seulement les terrains appartenant à l’État (Dominion Lands), mais les terrains qui appartiennent aux compagnies de chemins de fer. Dans les townships toutes les sections sont numérotées de 1 à 36, toutes les sections de numéros pairs appartiennent à l’État et toutes les autres appartiennent aux Compagnies de chemins de fer, sauf les sections 11 et 29 que l’État a concédé aux écoles. Les compagnies de chemins de fer ont vendu leurs terrains aux doukhobors à raison de 30 à 75 francs le homestead. L’État a accordé aux doukhobors un certain délai pour le paiement des terrains. Dans les provinces où se sont installés les doukhobors (Nord West territories), les habitants ne payent pas d’impôt. Leur seule obligation est d’entretenir les chemins vicinaux, et tout propriétaire d’un homestead doit consacrer, annuellement, deux journées de travail à cet entretien.

Aussitôt les travaux d’aménagement commencés, les doukhobors se mirent en quête de bestiaux et de semences.