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et des hommes. Le volant est un bouquet de plumes plantées dans de petites pièces de cuir ou de carton coupées en rond et ficelées ensemble par une cordelette.

Le jeu est de lancer le volant quand il vous est « servi » et de l’empêcher de tomber à terre.

Quiconque le laisse choir doit « servir » les autres à son tour. On peut jouer de deux à six à la fois. Des joueurs adroits jettent le volant de manière à éviter longtemps qu’il ne touche le sol.

Nous avons aussi un jeu qui rappelle un peu le viril jeu de paume. On pelote autour d’une peau de serpent du fil de coton jusqu’à ce que la balle atteigne la dimension d’une boule de billard. En Chine, les enfants la lancent ou la font rebondir comme les enfants américains jouant avec leur balle élastique.

Lancer des taëls ou les faire rouler rappelle les jeux de billes, mais ce jeu n’est pas considéré comme distingué : les voyous seuls s’y adonnent.

La natation n’est pas populaire. Cependant il y a beaucoup de Chinois qui savent nager.

La pêche n’est pas un jeu, mais un travail, pour les Chinois. L’homme ou l’enfant pêchent pour avoir du poisson et non pour s’amuser. Je crois que mes compatriotes ont raison.

Les jeux et les passe-temps auxquels on se livre au logis sont peu nombreux.

Comme il n’est pas permis aux jeunes femmes et aux hommes de se fréquenter, il ne peut être question de danse. Un Chinois considérerait comme folie et insensé gaspillage de temps, de sautiller et de tournoyer toute la nuit. Les amusements qui nécessitent beaucoup d’exercice ne sont pas de son goût et, quant à entourer de son bras la taille d’une jeune fille dans le tourbillon de la valse, un homme bien élevé, en Chine, ne se permettrait pas un tel manque de décorum.

En conséquence, les plaisirs des messieurs au logis sont les combats de grillons et les combats de cailles.

Les combats de grillons sont pour beaucoup de Chinois une sorte de passion ou de folie : à la saison des grillons, hommes et enfants les chassent le long des routes ou dans les fourrés sur les montagnes.

Quand ils les ont capturés, ils les font manger, et ensuite ils mettent à l’épreuve leurs qualités combatives.

Un bon combattant atteint parfois un haut prix.

Les hommes et les femmes jouent aux dominos comme les enfants.

Les petits enfants et les fillettes trouvent toujours beaucoup de plaisir à deviner avec des taëls. Nos monnaies chinoises sont des pièces de laiton ou de cuivre percées au milieu pour faciliter leur transport. Sur une face, elles portent une légende en chinois qui indique le nom de l’année du règne de l’Empereur et les mots Tung-Pao, c’est-à-dire monnaie de circulation. Le jeu consiste à deviner le nom du règne, tandis que la monnaie est tournée du côté opposé à la légende.