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d’obéir lorsqu’il est commandé pour marcher contre l’ennemi, ou pour tout autre service ordonné par son chef en présence de l’ennemi ou de rebelles armés.

Si hors le cas prévu par le paragraphe précédent la désobéissance a eu lieu sur un territoire en état de guerre ou de siège, la peine est de cinq ans à dix ans de travaux publics, ou, si le coupable est officier, de la destitution, avec emprisonnement de deux ans à cinq ans.

Dans tous les autres cas la peine est celle de l’emprisonnement d’un an à deux ans, ou, si le coupable est officier celle de la destitution. »

Ce n’est qu’après la troisième lecture et le troisième ordre donné que le soldat n’ayant pas obéi est en prévention de conseil de guerre.

L’ordre formel, lui, supprime tous délais, toutes tergiversations de la part de l’autorité qui commande.

Au disciplinaire montrant la moindre hésitation à un ordre donné, le gradé dit simplement :

« Pour la première fois je vous donne l’ordre formel de faire telle ou telle chose.

« Pour La seconde fois, je vous donne l’ordre formel, etc.

« Pour la troisième fois, je vous donne l’ordre formel, etc. »

Et ces trois ordres donnés sèchement en coups de fouet — cela dure en moyenne 10 secondes. Le refus dûment constaté, le disciplinaire, que l’ordre formel a assailli brusquement, qui en est étourdi, qui sent se lever en lui un sentiment de fierté, qui n’a pas le temps de sacrifier le sentiment à la raison, le disciplinaire est en prévention de conseil : il a refusé.

Quelques récits de faits authentiques montreront l’application de l’ordre formel. Il faut bien se rappeler que le refus d’obéissance entraîne une condamnation variant entre un an et deux ans de pénitencier.


Refus au peloton. — Où l’ordre formel fait rage, c’est au peloton de punition. On a vu ce qu’est le bal à la discipline [1] ; par quels raffinements les gradés savent le transformer en supplice. Ce qui suit montrera comment ils s’en servent pour faire tourner les disciplinaires.

Au peloton de punition l’ordre formel change d’objet suivant que le peloton est mobile ou immobile.

Au peloton mobile on fait refuser :

— Pour ne pas marcher au pas ;

— Pour ne pas balancer la main en marchant ;

— Pour n’avoir pas les yeux fixés sur le sac qui précède ;

— Pour ne pas assez appuyer sur la crosse ;

— Pour ne pas tenir le fourreau de la bayonnette dans la main gauche étant au pas gymnastique ;

  1. Voir La revue blanche du 15 juillet 1900.