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de Potsdam, dans le cabinet de travail de l’empereur, sorti tout exprès pour laisser aux touristes le temps de fouiller sa correspondance, un numéro de la Libre Parole qui portait au crayon rouge : Capitaine Dreyfus.

Page 95. — Sur la communication de pièces secrètes, le général Mercier prononce cette phrase : D’autre part, la Cour de cassation se base sur ce que j’ai refusé de répondre.

Dans la brochure, on lit : … La Cour de cassation se base sur ce que je n’ai fait aucune réponse

La seconde version est moins près de la vérité que la première. M. le général Mercier a le sens des nuances.

Page 97. — M. le général Mercier n’aime pas tous les jours les parenthèses. Confrontez la sténographie et la brochure : «… Nous sommes restés pendant quatre heures et demie à attendre si la paix ou la guerre allait sortir de cet échange de communications (entre M. de Münster et l’empereur d’Allemagne).

(M. Casimir-Perier fait un geste de dénégation. Sensation.) »

Dans la brochure, toute la parenthèse est supprimée, supprimé le geste de dénégation.

Et M. le général Mercier continue : « Vous voyez, messieurs, que nous avons été à deux doigts de la guerre.

(M. Casimir-Perier fait un geste pour demander la parole.) »

Dans la brochure, la parenthèse encore s’évanouit, et pour cause.

Page 103. — Sur des aveux qui auraient été faits en présence de Du Paty, le général Mercier n’est pas solidement fixé. Il prête à Dreyfus ces paroles : « Ces deux attachés militaires, je voudrais leur planter un poignard dans la tête. »

À la réflexion, qu’il ne s’agissait pas de Rochefort aux araignées empoisonnées ou de Drumont aux chemises soufrées, mais du capitaine Dreyfus, le général Mercier change la place du poignard et imprime dans la brochure : « …Je voudrais leur plonger un poignard dans la gorge ! » Ce qui est bien banal, pour un nationaliste — mais plus vraisemblable.

Page 103. — Toujours sur les aveux : « J’ai envoyé M. Lebrun-Renault au président de la République et au président du Conseil pour leur répéter la scène des aveux. Or, cette scène extraordinaire ne leur a pas été répétée. Pourquoi ? Parce que M. le président de la République et M. le président du Conseil, encore sous l’émotion très vive de la scène que Je vous ai racontée et des menaces de guerre imminente avec l’Allemagne, étaient hypnotisés… »

(M. Casimir-Perier proteste…)

Cette parenthèse, naturellement, est allée rejoindre ses aînées.

Dans la brochure, vous en chercherez vainement la trace.