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Il faudrait un volume pour tout relever. Ici, nous devons nous limiter : quelques remarques cursives, au hasard[1].

Page 78. — Le général Mercier dit avoir remis une lettre de « Schwartzkoppen à Suskind » (la lettre dite de l’Homme des forts de la Meuse) à M. Casimir-Perier. Cette lettre n’a pas reparu : « Je crois qu’elle a été égarée lorsque M. Casimir-Perier a quitté la présidence du Conseil et a pris successivement la présidence de la Chambre et la présidence de la République. »

C’était, dans la manière du général Mercier, insinuer que la perte — ou le détournement — de l’original incombait à M. Casimir-Perier. qui l’aurait fait voyager du ministère à l’Élysée.

Cette allégation est supprimée dans la brochure. Il est vrai que, d’une audience à l’autre, le général Mercier a été prévenu que cet original existait au ministère des Affaires étrangères. Si le texte primitif avait été maintenu dans la brochure, même avec la rectification du lendemain, cela eût permis de contrôler le procédé calomnieux et la fantaisie d’assertions du témoin. Mieux valait faire sauter le passage et le correctif. Et le général Mercier est bien de force à prétendre que c’est un trait de loyauté de sa part, d’avoir biffé l’erreur reconnue. Peccadille ! Les peccadilles réunies peuvent former un ensemble pas mal criminel.

Page 79. — Le général Mercier parle de la composition du bureau des renseignements : « Généralement, c’étaient des Alsaciens, ou bien qui avaient servi dans le 2e bureau de l’État-Major, etc. »

Dans la brochure, cela devient : … « C’étaient des officiers qui connaissaient la mobilisation, etc. » Donc Dreyfus, etc, etc.

Page 81. — À propos de la lettre Davignon, le général Mercier dépose : «… Il y a donc intérêt à ce que le colonel Davignon ne connaisse pas les relations qui existent entre le colonel Schwartzkoppen et un ami inconnu qu’il a au deuxième bureau. Et cet intérêt ne peut être justifié que par des relations illicites avec des amis dont est le capitaine Dreyfus. »

Dans la brochure, le mot inconnu et le membre de phrase avec des amis, etc., disparaissent.

Dans la version sténographiée, l’interprétation laissait planer le doute : un ami inconnu, des relations illicites avec des amis.

Dans la brochure, il n’y a plus que Dreyfus en cause, tout seul.

Le greffier Coupois donne lecture de la pièce suivante :

Communications verbales de X…

1o À l’agent Guenée, mars 1894.

« Il faut vous rappeler ce que je vous ai déjà dit au sujet des rela-

  1. Les indications de pagination sont celles de la Sténographie du Procès de Rennes, Stock, éd.