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si prompt et aimable à ma demande d’une avance. — Dès demain vous aurez la lettre pour le ministre Ferry.

Ne soyez pas fâché de mes avis, mais soyez plutôt content, alors tout ira bien.

Je vous salue de tout cœur.

Votre tout dévoué,
Richard Wagner.

Bayreuth, 16 octobre 1881.




[En janvier 1882 Wagner était avec sa famille à Palerme. Il ne désirait pas qu’on jouât Tristan et Yseult, « œuvre problématique », selon lui, sans sa participation personnelle. Plus tard cependant il céda aux demandes pressantes d’Angelo Neumann et lorsque le succès lui fut signalé, il lui écrivit la lettre suivante : ]

Palerme, 16 janvier 1882,
Hôtel des Palmes.
Excellent ami et protecteur,

J’ai trouvé bien aimable de votre part de m’avoir annoncé le bon résultat de Tristan sur votre théâtre ; mais, que pnuvais-je vous répondre ? M’aviez-vous adressé une seule question ? Par contre, une question que, moi, je me posais, ne fut pas prononcée et resta donc sans réponse ; c’est que moi-même je serais bien embarrassé d’y répondre. Vous savez que je ne voulais pas faire représenter cette œuvre problématique sans m’en occuper moi-même. Voilà qu’elle a réussi sans moi et cela m’étonne. Eh bien ! bonne chance ! Certes, je devine dans Seidl un talent caché auquel il ne faudra qu’un peu plus de chaleur pour étonner même moi. C’est pourquoi je vous prie de lui céder, dans l’intérêt de l’œuvre tout entière, plus de pouvoir (même pour la mise en scène) qu’il n’en revient d’habitude aux chefs d’orchestre. Car voilà la chose principale qu’il a apprise de moi.

Comme je suis toujours souffrant, et que j’ai besoin de repos, je n’ai pas encore eu le temps de répondre au directeur du théâtre de Kœnigsberg. Il va sans dire que je ne peux lui donner qu’une réponse négative. Je vous croyais, après nos derniers arrangements, parfaitement assuré que je ne donnerais pas d’autres droits de représentation pour l’Anneau du Nibelung, du moins aussi longtemps que durera l’entreprise difficultueuse pour laquelle nous nous sommes entendus. (L’affaire de Francfort a été faite avant notre traité.) Je crois la signature que vous désirez absolument superflue, mais pour vous tranquilliser entièrement, vous la trouverez ci-jointe.

Soyez assuré, aussi, de tout mon appui pour Londres.

Quant à Paris, vraiment, je désirerais vous voir abandonner cette affaire. Je ne comprends pas comment j’ai pu vous écouter pour cela.