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VOYAGE

des végétaux ; il convient, pour en garantir les semis, de choisir des sols humides, les bords des ruisseaux, les terrains bas, dans le voisinage de la mer : les lieux ombragés seront ceux qui devront être préférés pour l’établissement des cultures.

Les lieux destinés aux semis étant désignés, il est nécessaire que le jardinier les fasse labourer, et qu’il les dispose à recevoir les semences qu’il conviendra d’y confier ; après quoi, il sèmera ses graines, et surveillera leur culture autant de temps que lui permettra le séjour des vaisseaux. S’il pouvait inspirer l’amour de ces cultures à quelques naturels du pays, et qu’il parvînt à leur faire connaître le mérite des productions qui en sont l’objet, il remplirait doublement le but de bienfaisance que l’on espère de sa mission.

Indépendamment de ces cultures soignées, le jardinier peut encore essayer un autre moyen de multiplication, qui, s’il ne lui produit pas de grands avantages, lui coûtera fort peu ; ce serait, toutes les fois qu’il se disposerait à parcourir le pays, de remplir ses poches d’un mélange de plusieurs espèces de graines, qu’il répandrait, chemin faisant, dans les lieux qui lui paraîtraient les plus propres à leur réussite : quelques coups de houlette suffiraient pour enfouir les semences, et ameublir la terre du voisinage.

Pour n’omettre aucun des moyens qui peuvent rendre son voyage utile et agréable, le jardinier doit tenir un journal exact de toutes ses opérations : l’époque de ses semis, leur réussite, les progrès de la végétation et leurs