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LA NATURE.

et sont tombées à l’intérieur ; quelques-unes sont restées sur le parapet même ; elles ont, par conséquent été soulevées à une hauteur verticale de 8 mètres environ. En frappant la digue, les lames s’élevaient à une hauteur égale à trois fois la hauteur du fort central, qui a 20 mètres de haut. (Rapport de l’amiral de la Roncière sur l’ouragan du 11 janvier 1866). » Les mâts des navires brisés et d’un autre côté, à terre, les arbres séculaires déracinés et tordus, témoignent aussi de l’intensité de cette puissance mécanique de l’ouragan. Or toutes les résistances l’usent et on se demande comment un travail moteur équivalent peut se développer pendant la propagation de la tempête dans l’atmosphère.

Fig. 2.

M. Peslin, ingénieur des mines, s’occupe de cette question dans un mémoire très-remarquable de l’Atlas météorologique de l’Observatoire de 1867. Outre le violent mouvement tournant, fait-il d’abord observer, il doit y avoir un mouvement vers l’axe du tourbillon et un mouvement parallèle à cet axe. Pour s’alimenter d’air nouveau, le cyclone doit le prendre aux parties de l’atmosphère qui entrent successivement dans son cercle d’action, en vertu de son mouvement de progression. Mais par où se fait l’aspiration ? Ce ne peut être par les parties hautes du tourbillon, car soumis en descendant à des pressions croissantes l’air doit acquérir une température de plus en plus élevée qui, pour la provenance d’une altitude moyenne, serait près de la surface, en excès de plus de 20 degrés sur celle de l’atmosphère ambiante. L’afflux aurait donc lieu par la partie inférieure du tourbillon et serait dirigé, par un mouvement de spirale, vers les couches moyennes, qui se meuvent bien plus rapidement que les couches inférieures, retardées par le frottement et d’autres résistances. Ceci admis, M. Peslin calcule la valeur du travail moteur qui entretient la tempête et la discussion de la formule à laquelle il arrive le conduit aux conclusions suivantes : « Un tourbillon qui se propage dans une atmosphère y trouvera d’autant plus d’aliments pour entretenir sa violence que la loi de décroissance des températures y sera plus rapide. Si la loi de décroissance est plus lente que la loi théorique que nous avons donnée pour l’air saturé, l’atmosphère jouit d’une stabilité absolue, et le tourbillon y est amorti au bout d’un faible parcours. Si la loi de décroissance est plus rapide que la loi théorique donnée pour l’air non saturé, l’atmosphère est dans un état d’équilibre instable, et le moindre tourbillon produit une immense perturbation. Si la loi est intermédiaire, ce qui est le cas ordinaire pour l’atmosphère terrestre, les tourbillons d’une amplitude suffisante trouvent passage et peuvent conserver leur violence ; mais ceux qui ne s’étendent que sur une faible hauteur dans l’atmosphère seront arrêtés ou amortis. Toutes choses égales d’ailleurs, le travail moteur créé par le tourbillon, et qui entretient sa violence, est d’autant plus grand que l’air de