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LA NATURE.

mand, pendant l’année présente ; l’instruction primaire est donnée dans 60 000 écoles. Tous les États de l’Allemagne ont des écoles pour les sourds-muets et pour les aveugles. La Prusse en possède 35 pour les sourds-muets et 14 pour les aveugles. À l’égard des écoles des métiers artistiques, la Bavière occupe le premier rang, mais le Wurtemberg et la Prusse ont fait dernièrement de grands progrès dans cette direction.

Découverte de sarcophages dans le Calvados. — En traçant à Benerville, près de Deauville, un chemin littoral, on a trouvé, assez près de la surface du sol, trois cercueils, dont la forme semble indiquer l’origine franque. Deux sabres et quelques grands couteaux ont été recueillis dans un état de conservation remarquable ; ils offrent les caractères d’armes analogues, existant dans nos musées, appartenant d’une manière certaine à l’époque des premiers siècles de la monarchie. À côté de ces reliques précieuses, on a encore rencontré une boucle de ceinture et quelques belles agrafes en bronze.

L’expédition aérostatique de M. Wise. — Les journaux que nous recevons de New-York continuent à nous donner de nombreux détails sur la traversée de l’Atlantique en ballon. Ce projet, bien digne d’un intrépide Yankee, excite l’admiration des Américains, et leurs feuilles parlent longuement des préparatifs de l’expédition. On parle de la couture du ballon, de la construction de sa nacelle de sauvetage, de l’approvisionnement de vivres, etc. C’est le succès de feu le Géant de Nadar. Le Scientific American, qui n’est pas ennemi de la gaieté, conseille aux passagers des paquebots transatlantiques d’emporter, pour la traversée de l’Océan, des parapluies en fer-blanc, afin d’amortir le choc du lest que M. Wise pourra jeter sur leurs têtes ! Au moment de mettre sous presse, des feuilles anglaises nous apprennent le départ de l’aérostat. M. Wise a quitté New-York dans les premiers jours de septembre, avec quatre passagers. Jamais semblable exemple de hardiesse ne s’est offert dans l’histoire de l’aérostation. Nous accompagnons de nos vœux sincères cette étonnante expédition.

Les diamants de l’Exposition de Vienne. — C’est depuis fort peu de temps, que l’admirable collection de diamants exposés à Vienne s’est complétée par l’arrivée d’un merveilleux échantillon, le diamant du Cap, dit Stewart-Diamant, le plus gros de son espèce qui ait été trouvé dans l’Afrique du Sud. Sa teinte est légèrement jaunâtre, mais il ne pèse pas moins de 288 carats. On l’a estimé 760 000 francs. Le lot de terre sur lequel ce diamant s’est trouvé, a été vendu 750 francs à un Anglais, M. Spalding, qui l’a cédé bientôt à M. Antonie. Quand le propriétaire mit la main sur le Stewart-Diamant, il en resta pétrifié d’étonnement et de joie. On le porta chez lui, car il était incapable de se tenir debout, et son émotion fut telle qu’il resta pendant deux jours sans pouvoir prendre de nourriture. Le diamant du Cap est placé, à Vienne, au milieu d’une constellation de pierres précieuses de la plus grande richesse, qu’entourent sans cesse une foule de visiteurs, attirés par les feux de ces pierreries, comme les alouettes par les reflets des miroirs.

Concours de groseilles en Angleterre. — On cherche à tout améliorer en Angleterre, et les concours sont multipliés pour toutes espèces de produits. Dans le mois dernier, dit le Journal de l’agriculture, nous pouvons citer comme caractéristiques les concours qui ont eu lieu pour les plus belles groseilles. Il n’est, pour ainsi dire, pas de petite ville du centre et du nord de l’Angleterre qui n’ait des exhibitions de ce genre. Les concours de Lancashire sont surtout célèbres, et à Manchester, on voit exposées des groseilles d’un poids énorme. À l’Exposition de Newark, le premier prix a été remporté par M. Egglestone, qui avait exposé des groseilles rouges du poids moyen de 41 grammes. D’autres récompenses ont été décernées, en grand nombre, pour des groseilles dont le poids dépassait 30 grammes.


CORRESPONDANCE

Nous avons donné des renseignements nombreux sur les récentes explorations du savant explorateur M. Nordenskiold ; nous sommes heureux d’apprendre à nos lecteurs que des détails tout à fait inédits nous seront fournis par M. Nordenskiold lui-même sur ses prochaines expéditions, comme l’atteste une lettre qu’il vient d’adresser à notre collaborateur, M. W. de Fonvielle. Voici quelques extraits de cette lettre suivis de la signature que nous avons fait autographier :

…« Votre aimable lettre méritait une réponse immédiate, mais, à peine de retour, je suis très-occupé par l’organisation de ma nouvelle expédition. Dès que je serai arrivé à Stockholm, je profiterai de quelques instants de repos pour vous envoyer les renseignements que vous me demandez.

« Je saisis cette occasion pour vous remercier de l’intérêt que vous avez pris, ainsi que les hommes de science et la presse de votre pays, à nos expéditions arctiques, intérêt, croyez-le bien, très-apprécié en Suède, où l’on a toujours eu de si vives sympathies pour votre beau pays. »

Nos lecteurs seront touchés, comme nous, de ces marques d’estime et d’affection, adressées à la France par une des notabilités scientifiques d’un des plus beaux et des plus sages pays de l’Europe.


ACADÉMIE DES SCIENCES
Séance du 8 septembre 1873. — Présidence de M. Bertrand.

Nouvelle variété de guano. — Poursuivant ses très-intéressantes recherches sur le guano, M. Chevreul signale aujourd’hui une nouvelle variété de cette substance, qu’il désigne sous le nom provisoire de guano brun. C’est une matière en partie friable et en partie compacte, qui a si mauvais aspect, qu’un agriculteur praticien, le voyant dans le laboratoire de l’auteur, n’hésita pas à dire qu’il avait été mouillé et ne valait certainement rien comme engrais. Ce jugement, quoique porté par une personne très-compétente, est absolument erroné, car, et c’est là le fait le plus frappant de ces études, bien que la portion la plus active du guano consiste en sels solubles dans l’eau, l’on n’en débarrasse pas le guano. C’est là un nouvel exemple de cette affinité capillaire, découverte par M. Chevreul dès les premières années de ce siècle, et qui se retrouve dans une foule de phénomènes. Le sel ammoniacal a contracté par affinité capillaire une combinaison si intime