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LA NATURE.

des expériences de M. Saint-Cyr et de quelques vétérinaires allemands, Worms, Gunther, Leiseving, qui confirment absolument l’opinion de M. Chauveau. Nous tiendrons les lecteurs au courant ; en tous cas, la solution de la question est celle-ci : Doit-on permettre ou interdire la consommation de la viande qui provient d’animaux manifestement tuberculeux ? À Bordeaux, la vente de ces viandes est interdite.

M. Th. Williams (Med. chir. Transactions), étudie l’influence des climats chauds dans le traitement de la phthisie pulmonaire. — Il est d’usage d’envoyer les phthisiques à Pau, à Madère, à Nice, à Naples, etc., et trop souvent l’on ne tient pas assez compte, dans le choix de ces stations, du tempérament du malade, ni du degré plus ou moins avancé de la maladie, et cependant il est tel climat excitant qui pourra, dans certains cas précipiter la marche des lésions organiques, tandis qu’il donnera chez d’autres malades, des résultats favorables. Ainsi, notons les résultats obtenus chez 251 phthisiques envoyés dans diverses stations, M. Williams trouve :

65 malades améliorés sur 100
6 état stationnaire
29 aggravés ou morts

En général, il préfère les climats chauds et secs, tels que l’Egypte, aux climats humides, tels que Madère, Les voyages sur mer exercent une bonne influence, quoique d’autres auteurs, M. Brochard, en particulier, prétendent le contraire.

La phthisie n’est pas toujours identique à elle-même : tantôt sa marche est lente, torpide ; tantôt, au contraire, elle est rapide, presque inflammatoire. Les stations varieront nécessairement suivant que l’on aura affaire à l’une ou à l’autre de ces formes, et l’on devra indiquer dans le premier cas, les climats à température douce et constante ; dans le deuxième cas, les climats chauds et secs, mais peu excitants.

M. Williams insiste encore sur la nécessité de continuer l’usage de l’huile de foie de morue, des préparations de quinquina et de suivre, aux stations une hygiène sévère. — Ce dernier point est capital et donne toute la thérapeutique de la phthisie.

— Les rapports de M. E. Besnier sur les maladies régnantes offrent toujours beaucoup d’intérêt. Dans sa dernière communication à la Société médicale des hôpitaux, il fournit des tableaux comparatifs de la mortalité à Paris pendant les mois d’avril, mai, juin, des années 1867-1873. — Cette dernière année se fait remarquer jusqu’à présent par une sorte d’accalmie pathologique. — Ainsi, pas un décès de variole pendant cette période de trois mois, tandis qu’en 1870, le chiffre s’en est élevé à 179 en avril, 230 en mai, 242 en juin : en 1869, 59 pour le même trimestre. — La phthisie pulmonaire reste stationnaire de 220 à 300 décès par mois. — La fièvre typhoïde ne nous donne pour 1873 que 37 décès, contre 45 en 1872, 89 en 1870, 71 en 1869, et 59 en 1868.

— On a proposé depuis longtemps de dissoudre les calculs de la vessie à l’aide de liquides divers. M. H. Thomson (the Lancet, 1873) résume l’état de la science à ce sujet et montre combien cette importante question demanderait d’être étudiée à nouveau. On a employé le citrate et le carbonate de potasse dans l’espoir de dissoudre les calculs d’acide urique ; puis les sels de soude, certaines eaux minérales ; d’autres fois, les injections dans la vessie, d’eau pure, de solutions alcalinées, acides : aucun de ces moyens n’a donné de résultats absolument certains. MM. Prévost et Dumas avaient conseillé l’emploi de l’électricité, mais depuis, sauf Bence Jones, peu de médecins ont tenté des essais dans cette voie.

Dr. Z.

LA DÉCOUVERTE DE L’AMÉRIQUE
PAR LES SCANDINAVES.

Les Scandinaves qui habitent en ce moment l’Amérique ont pris l’initiative d’une souscription en l’honneur de leur compatriote Leif Erickson, qui a découvert l’Amérique, en l’an 1000. Nous allons indiquer dans quelles circonstances et résumer quelles sont les preuves qu’on met en avant, en faveur de ce grand navigateur si longtemps inconnu. Sa gloire ne porte aucun préjudice à celle de Colomb, mais il ne faut pas confondre ces révélations historiques avec les légendes évidemment apocryphes, telles que les prétendues inscriptions phéniciennes trouvées au Brésil et la Bible fabuleuse des Mormons.

On sait, par les Sagas, qu’Eric le Rouge découvrit le Groënland en 984. Deux ans après, un navigateur scandinave, nommé Biorn Herriulson, se rendait au Groënland, avec un navire ayant 25 hommes d’équipage, lorsqu’il fut saisi par un vent d’est et jeté sur les côtes de l’Amérique du Nord, qu’il aperçut ; mais il n’eut pas le courage d’y aborder, ce dont il fut très-sévèrement blâmé. Cependant quatorze années s’écoulèrent sans que personne songeât à l’imiter. Le premier qui eut cette idée fut un fils d’Eric le Rouge, Leif Erickson, qui, en l’an 1000, débarqua près de Fall River au Massachusetts.

Les Normands entretinrent depuis lors des rapports avec le nouveau continent qu’ils nommèrent Vineland, parce que la vigne y pousse spontanément. Deux ans après, Thorswald Erickson (peut-être un frère de Leif Erickson), fut tué dans un combat, par un chef indien et enterré, dans son armure, près d’un cap appelé aujourd’hui Garnet Point.

Vers 1840, ce squelette fut découvert et des échantillons de son armure furent envoyés à Berzelius, qui en fit l’analyse. Ce savant découvrit que la composition chimique du fer était analogue à celle des armures de la même époque, conservées dans les musées du Nord. Dès lors on admit, en Amérique, qu’on avait découvert le squelette d’un roi de la mer. Cette version fut acceptée par Longfellow, qui composa en son honneur une ballade intitulée : the Man in armour ; les notes qui précèdent la ballade