Page:La Motte-Fouqué - Ondine, Hachette, 1913.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lac et, quant à rebrousser chemin, Dieu me garde d’affronter les mystères de cette forêt en pleine nuit.

— Ne parlons pas trop de ces mystères, répliqua le pêcheur, et il ouvrit à son hôte la porte de la cabane.

Près de l’âtre où crépitait un maigre feu de bois, la vieille femme du pêcheur était assise dans un grand fauteuil rustique. À la vue du bel étranger, elle se leva, salua avec beaucoup de bonne grâce et reprit place dans son fauteuil.

— Excusez ma bonne femme, dit alors le pêcheur avec un sourire, si elle ne vous offre pas le siège le plus confortable de la maison : la coutume veut, chez les pauvres gens, que les personnes âgées soient en tout les mieux servies.

— Mais, répliqua la femme, notre hôte, bon chrétien comme nous, ne saurait certainement trouver à redire à cette coutume. Asseyez-vous là, continua-t-elle en s’adressant au chevalier, asseyez-vous là, mon jeune seigneur : cet escabeau est encore très bon malgré qu’il soit un peu bancal.

Le chevalier approcha du feu le siège qu’on lui désignait et s’y installa de bon cœur tant il se sentait à l’aise dans ce milieu de braves gens : il lui semblait que ce foyer avait été le sien autrefois et qu’il y revenait après une longue absence ; les objets à l’entour lui étaient familiers.

On bavarda, près des chenêts, comme de vieilles connaissances. Le chevalier tenta à plusieurs reprises de mettre la conversation sur la fameuse forêt, mais le vieux