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poigné la corne du chapeau d’un quartier-maître ; mais il le tirait à lui au lieu de le lever, ce qui donna le temps au quartier-maître de se défendre. Nos gens supportèrent patiemment ces petites insultes : les Indiens avaient l’air de triompher.

» N’ayant pu réussir à trouver un mouillage en cet endroit, je naviguai vers la pointe occidentale de l’île. Quand nous y fûmes arrivés, j’aperçus une autre île au sud-ouest, à la distance de quatre lieues. Nous étions en ce moment à une lieue de celle dont nous prolongions la côte ; deux doubles pirogues montées chacune par trente Indiens armés s’avancèrent à la voile vers nous. Nos canots se trouvaient assez loin sous le vent à nous, et les pirogues, passant entre le vaisseau et la côte, semblaient se hâter d’aller les attaquer ; je fis signal à nos canots de leur donner la chasse. Les Indiens, les voyant venir à eux, prirent l’épouvante ; ils amenèrent à l’instant leurs voiles, et nagèrent vers la terre avec une vitesse surprenante. Arrivés près du rivage, ils passèrent à travers les brisans, et aussitôt échouèrent leurs pirogues. Nos canots les suivirent ; les Indiens, craignant une invasion, se présentèrent armés de pierres et de massues pour empêcher la descente. Cette résistance força nos gens à faire feu sur eux ; ils en tuèrent trois. L’un de ces malheureux, qui avait reçu trois balles à travers le corps, eut encore le courage de lever une grosse pierre, et mourut en la lançant sur