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n’existe point à Taïti, puisque, comme nous l’avons dit plus haut, on y est exempt de ces insectes insupportables. L’usage de se peindre y est donc une mode comme à Paris. Un autre usage de Taïti, commun aux hommes et aux femmes, c’est de se percer les oreilles, et d’y porter des perles ou des fleurs de toute espèce. La plus grande propreté embellit encore ce peuple aimable. Ils se baignent sans cesse, et jamais ils ne mangent ni ne boivent sans se laver avant et après.

» Le caractère de la nation nous a paru être doux et bienfaisant ; il ne semble pas qu’il y ait dans l’île aucune guerre civile, aucune haine particulière, quoique le pays soit divisé en petits cantons qui ont chacun leur seigneur indépendant. Il est probable que les Taïtiens pratiquent entre eux une bonne foi dont ils ne doutent point. Qu’ils soient chez eux ou non, jour ou nuit, les maisons sont ouvertes. Chacun cueille les fruits sur le premier arbre qu’il rencontre, en prend dans la maison où il entre. Il paraîtrait que pour les choses absolument nécessaires à la vie il n’y a point de propriété, et que tout est à tous. Avec nous ils étaient filous habiles, mais d’une timidité qui les faisait fuir à la moindre menace. Au reste, on a vu que les chefs n’approuvaient point ces vols, qu’ils nous pressaient au contraire de tuer ceux qui les commettaient. Éreti cependant n’usait point de cette sévérité qu’il nous recommandait. Lui dénoncions-nous quel-