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suffisamment explorées ; et ce monarque éclairé sut ainsi mettre à profit ses moyens et ses forces, pour ordonner et diriger des entreprises dont le succès a parfaitement répondu à ses vues.

Dans les voyages exécutés par ses ordres, et dont on va lire la relation, les vaisseaux étaient commandés par des officiers choisis dans un corps de marine où le courage et les talens sont communs. Ces voyages ont été des expéditions vraiment philosophiques. Les capitaines ont été accompagnés de savans et d’artistes qui réunissaient au plus grand zèle des connaissances de tous les genres. Jamais voyageurs, en découvrant des terres nouvelles et des peuples inconnus, n’ont examiné les lieux, décrit les productions naturelles, observé les hommes avec plus d’attention, de sagesse et de lumières.

Ce qu’il est surtout intéressant de remarquer, c’est l’esprit d’humanité et de justice avec lequel ces navigateurs se sont fait un devoir de traiter les peuples sauvages qu’ils ont trouvés ; c’est la bonne foi qu’ils mettent dans le trafic, la patience avec laquelle ils supportent les insultes et les menaces, la douceur avec laquelle ils pardonnent des violences et des infidélités qu’il leur est si aisé de punir. Quand on compare cette conduite avec la férocité et l’inhumanité des premiers conquérans du Nouveau-Monde, on aime à sentir ce qu’on doit à cet esprit philosophique qui distingue l’Europe,