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pour la conservation du reste de la ville, disposèrent si favorablement l’esprit du vice-roi, qu’enfin l’audience fut fixée au 30 novembre.

Cette nouvelle fut d’autant plus agréable au chef d’escadre, que le conseil n’avait pu se déterminer là-dessus sans renoncer à la prétention des droits, et sans avoir pris la résolution de lui accorder tout ce qu’il avait demandé ; car les magistrats chinois n’ignoraient pas ses dispositions, et leur fine politique ne leur aurait pas permis de l’admettre à l’audience pour contester avec lui. Dans cette idée, il se prépara gaîment à se rendre au palais ; sûr d’ailleurs de son interprète, qui lui promit de répéter hardiment tout ce qui lui serait dicté. Le jour marqué, à dix heures du matin, un mandarin vint l’avertir que le vice-roi était prêt à le recevoir. Il se mit en chemin avec sa suite. À la porte de la ville il trouva deux cents soldats en bon ordre, qui l’accompagnèrent jusqu’à la grande place du palais. Dans cette place il y en avait dix mille sous les armes, au travers desquels il fut conduit jusqu’à la salle d’audience. Il y trouva le vice-roi dans un fauteuil de parade, sous un dais fort riche, accompagné de tous les mandarins du conseil. On avait laissé pour le chef d’escadre un siège vide qu’il occupa, n’ayant entre le vice-roi et lui que le chef de la loi et celui de la trésorerie, qui, suivant le cérémonial chinois, ont la préséance sur tous les officiers d’épée.

Dans le cours de cette audience, Anson ap-