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ture si laide ni si dégoûtante. Quoique la chair du guano soit fort bonne, il fallait, en d’autres pays, que la faim nous réduisit à la manger ; mais je n’eus jamais le courage de goûter de ceux de ceux de la Nouvelle-Hollande, tant la vue m’en parut affreuse, et l’odeur repoussante.

» Comme il n’y avait pas de rivière, nous ne vîmes que des poissons de mer. Le rivage était couvert d’une infinité de coquillages fort extraordinaires, et d’une grande beauté, soit pour la couleur, soit pour la figure. Enfin on vit plusieurs serpens.

» Le 14 août je sortis de la baie des Chiens marins, et je fis route au nord. La profondeur de la mer augmenta jusqu’à 85 brasses, et bientôt il n’y eut plus de fond. Tant qu’il y en eut, les baleines entouraient mon vaisseau, faisant, par leur souffle et le battement de leur queue, un bruit semblable à celui des lames qui se brisent contre des écueils, ce qui nous causa une frayeur mortelle. Nous les avions trouvées d’abord près de deux bancs, par 22° 30′.

» Le 24 nous revîmes la terre, qui s’avançait en forme de cap ; c’était l’extrémité d’une des îles qui sont nombreuses dans ces parages. Je m’engageai dans ce labyrinthe, situé par 21°, entre des canaux de deux à trois lieues de large, où le fond est très-inégal. Les grandes îles étaient assez hautes, arides, couvertes de rochers jaunes, ce qui me fit désespérer d’y