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adorent les fétiches comme leurs divinités. Ils désavouent eux-mêmes la doctrine qu’il leur attribue. Suivant le père Loyer, ils reconnaissent un Dieu créateur de toutes choses, et particulièrement des fétiches, qu’il envoie sur la terre pour rendre service au genre humain. Cependant leurs notions sur l’article des fétiches sont fort confuses. Les plus vieux Nègres paraissent embarrassés lorsqu’on les interroge ; ils ont appris seulement par une ancienne tradition qu’ils sont redevables aux fétiches de tous les biens de la vie, et que ces êtres, aussi redoutables que bienfaisans, ont aussi le pouvoir de leur causer toutes sortes de maux. Nous traiterons dans la suite l’article des fétiches.

Chaque jour au matin, ils vont se laver à la rivière, et se jettent sur la tête une poignée d’eau, à laquelle ils mêlent quelquefois du sable pour exprimer leur humilité ; ils joignent les mains, les ouvrent ensuite, et prononcent doucement le mot d’Ecksavais. Après quoi, levant les yeux au ciel, ils font cette prière : Anghioumé, mamé enaro , mamé orié, mamé sckiché e okkori, mamé akana, mamé brembi, mamé angnan e aounsan ; ce qui signifie : « Mon Dieu, donnez-moi aujourd’hui du riz et des ignames, donnez-moi de l’or et de l’aigris ; donnez-moi des esclaves et des richesses ; donnez-moi la santé, et accordez-moi d’être prompt et actif. » C’est à cette prière que se réduisent toutes leurs adorations. Ils croient Dieu si bon, qu’il ne peut, disent-ils,