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négligé le mal dans son origine. Ce mal ne les empêche pas de mettre tout leur bonheur dans le commerce des femmes. Ils sont fort affligés aussi par les maux d’yeux, qui vont souvent jusqu’à leur faire perdre entièrement la vue, et qu’on attribue à la réflexion du soleil sur des sables d’une blancheur et d’une sécheresse extrêmes.

Pour les blessures, ils emploient une herbe dont le suc, mis sur la plaie avec le marc, produit des cures si merveilleuses, qu’ils comptent pour rien une blessure de cinq pouces de profondeur, où l’os même est endommagé, et qu’ils sont sûrs de la guérir en trois semaines. Loyer en vit des exemples si surprenans, qu’il se dispense de les rapporter, parce qu’on les prendrait pour des fables.

Les Nègres sont fort soigneux, pendant leur vie, d’acheter et de préparer tout ce qui doit servir à leur enterrement : c’est un beau drap de coton rayé pour les envelopper ; un cercueil et des bijoux d’or ou d’autres matières pour l’orner, dans l’opinion que l’accueil qu’on leur fera dans l’autre monde répondra aux ornemens de leur sépulture. Un Nègre qui voyagerait parmi nous serait fondé à croire que nous avons la même opinion, en voyant l’émulation de faste et de vanité qui règne dans nos enterremens.

On a représenté la religion de ces Nègres avec de fausses couleurs. Villault, par exemple, s’est fort trompé, en rapportant qu’il