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courage. Si quelqu’un de ses sujets a fait un vol considérable et craint d’être découvert, il s’adresse au roi, en lui offrant la moitié du butin, et l’impunité est certaine à ce prix.

Ils sont si défians dans le commerce, qu’il faut toujours leur montrer l’argent ou les marchandises d’échange avant qu’ils entrent dans aucun traité. S’il est question de vous rendre quelque service, ils veulent être payés d’avance, et souvent ils disparaissent avec le salaire. Il est rare qu’ils remplissent jusqu’à la fin tous leurs engagemens, à moins que les daschis ou les présens d’usage ne soient renouvelés plusieurs fois. Cependant, lorsqu’ils achètent quelque chose, on est obligé de se fier à leur bonne foi pour la moitié du prix ; ce qui expose toujours les marchands de l’Europe à quelque perte. Ces friponneries sont communes à toute la nation,depuis le roi jusqu’au plus vil esclave.

Leur avarice va si loin, que, s’ils tuent un mouton, ils le regrettent jusqu’aux larmes pendant huit jours, quoique cet excès de générosité ne leur arrive guère que pour traiter quelque Européen de distinction, dont ils reçoivent dix fois la valeur de leur dépense. S’ils élèvent de la volaille, ce n’est que pour la vendre et pour en conserver le prix. Ils se retranchent tout ce qui n’est point absolument nécessaire à la vie : où l’avarice va-t-elle se placer !

Les femmes se plaisent à porter autour de la ceinture, quantité d’instrumens de cuivre, d’é-