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glace de miroir. On ne leur voit jamais un poil ni la moindre saleté sur le corps. À mesure qu’ils vieillissent, leur noirceur diminue, et leurs cheveux de coton deviennent gris. Ils donnent quantité de formes différentes à cette chevelure. Leurs peignes, qui sont de bois ou d’ivoire, à quatre dents, y sont toujours attachés. L’huile de palmier mêlée de charbon, qui leur sert à se noircir la peau, leur tient aussi lieu d’essence pour la tête. Ils parent leurs cheveux de petits brins d’or et de jolies coquilles. Ils n’ont pas d’autres rasoirs que leurs couteaux, mais ils savent les rendre fort tranchans. Les uns ne se rasent que la moitié de la tête, et couvrent l’autre moitié d’un petit bonnet retroussé sur l’oreille. D’autres laissent croître plusieurs touffes de cheveux, en différentes formes, suivant leur propre caprice. Ils sont passionnés pour leur barbe ; ils la peignent régulièrement, et la portent aussi longue que les Turcs. Le goût de la propreté du corps, est commun à toute la nation d’Issini. Ils se lavent à tout moment les mains, le visage et la tête entière. L’habitude qu’ils ont d’être nus (ils sont très-voisins de la ligne), fait qu’ils n’y trouvent ni peine ni honte. Il n’y a que leurs brembis et leurs bahoumets, différentes espèces de cabochirs, qui soient tout-à-fait vêtus.

Les Issinois ont cela de commun avec les anciens Spartiates, que le vol n’est jamais puni parmi eux. Ils font gloire de raconter leurs exploits dans ce genre. Le roi même les y en-