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le premier. Au contraire, les cabochirs avalaient sans précaution tout ce qui leur venait de la main des Anglais.

Dans l’île de San-Thomé, les Portugais sont des empoisonneurs si habiles, que, si l’on s’en rapporte aux informations de Philips, en coupant une pièce de viande, le côté qu’ils veulent donner à leur ennemi sera infecté de poison sans que l’autre s’en ressente ; c’est-à-dire que le couteau n’est empoisonné que d’un côté. Cependant l’auteur fait remarquer avec soin qu’il n’en parle que sur le témoignage d’autrui, et qu’en relâchant dans l’île de San-Thomé, ni lui ni ses gens n’en firent aucune expérience.

À peu de distance de la ville royale de Juida, on trouve trente ou quarante gros arbres, qui forment la plus agréable promenade du pays. L’épaisseur des branches, ne laissant point de passage à la chaleur du soleil, y fait régner une fraîcheur continuelle. C’était sous ces arbres que Philips passait la plus grande partie du temps. On y tenait un marché. Entre plusieurs spectacles bizarres, il eut celui d’une table publique, ou auberge nègre, qu’il a cru digne d’une description. Le Nègre qui avait formé cette entreprise avait placé au pied d’un des plus gros arbres une grande pièce de bois de trois ou quatre pieds d’épaisseur : c’était la table ; elle n’était soutenue sur la terre que par son propre poids. Les mets étaient du bœuf et de la chair de chien bouillis, mais