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d’un calicot fort grossier ; et, pour habit, il portait une robe de damas rouge. Sa garde-robe était fort bien garnie de casaques et de manteaux de drap d’or et d’argent, de brocart, de soie, et d’autres étoffes à fleurs, brochées de grains de verre de différentes couleurs ; présens qu’il se vantait d’avoir reçus des capitaines blancs que le commerce avait amenés dans ses états, et dont il prenait plaisir à faire admirer le nombre et la variété. Mais, de toute sa vie, il n’avait porté de chemise, ni de bas, ni de souliers.

Les Anglais se découvrirent la tête pour le saluer. Il prit les deux capitaines par la main, et leur dit d’un air obligeant qu’il avait eu beaucoup d’impatience de les voir, qu’il aimait leur nation ; qu’ils étaient ses frères, et qu’il leur rendrait tous les bons offices qui dépendraient de lui. Ils le firent assurer, par l’interprète, de leur reconnaissance personnelle, et de l’affection de la compagnie royale d’Angleterre, qui, malgré les offres qu’elle recevait de plusieurs pays où les esclaves étaient en abondance, aimait mieux tourner son commerce vers le royaume de Juida pour y faire apporter toutes les commodités dont il avait besoin. Ils ajoutèrent qu’avec de tels sentimens, ils se flattaient que sa majesté ne ferait pas traîner en longueur leur cargaison d’esclaves, principal objet de leur voyage, et qu’elle ne souffrirait pas que ses cabochirs leur en imposassent sur le prix. Enfin ils promirent qu’à leur retour