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trois ou quatre rangées de dents, de forme et de grandeur différentes, mais toutes pointues ou tranchantes. Ses jambes sont courtes, et ses pieds armés de griffes crochues, longues et pointues ; ceux de devant en ont quatre, et ceux de derrière en ont cinq : c’est avec cette arme terrible qu’il saisit et qu’il déchire sa proie. Il est couvert d’une peau dure, épaisse, chargée d’écaillés et garnie de tous côtés d’un grand nombre de pointes qu’on prendrait pour autant de clous. Plusieurs parties de son corps, telles que la tête, le dos et la queue, dans laquelle consiste sa principale force, sont d’une dureté impénétrable à la balle. Cependant il est facile à blesser sous le ventre et sous une partie du gosier : aussi n’expose-t-il guère ces endroits faibles au danger. Sa queue est ordinairement aussi longue que le reste de son corps : elle est capable de renverser un canot ; mais, hors de l’eau, il est moins dangereux que dedans.

Quoique le crocodile soit une lourde masse, il marche fort vite dans un terrain uni, où il n’est pas obligé de tourner ; car ce mouvement lui est fort difficile. Il a l’épine du dos fort raide et composée de plusieurs vertèbres si serrées l’une contre l’autre, qu’elle est immobile. Aussi se laisse-t-il entraîner par le fil de l’eau comme une pièce de bois, en cherchant des yeux les hommes et les animaux qui peuvent venir à sa rencontre. Il a jusqu’à vingt ou trente pieds de longueur.