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son dos sans que le monstre lui nuise jamais.

La vache de mer, que les Espagnols appellent manati, et les Français lamentin, est ordinairement longue de seize ou dix-huit pieds sur quatre ou cinq de diamètre. Le lamentin aime l’eau fraîche. Aussi ne s’éloigne-t-il guère des côtes. Comme il s’endort quelquefois la gueule ouverte au-dessus de l’eau, les pêcheurs nègres le surprennent dans cette situation, et lui font perdre tant de sang, qu’il leur devient aisé de le tirer au rivage. La chair de ces animaux est si délicate, qu’elle est comparable au veau de rivière.

On trouve sur les côtes un poisson dont la mâchoire d’en haut s’avance de la longueur de quatre pieds avec des pointes aiguës, rangées de chaque côté à des distances égales. C’est la scie, l’ennemi déclaré de la baleine, qu’elle blesse quelquefois si dangereusement, que celle-ci fuit jusqu’au rivage, où elle, expire après avoir perdu tout son sang. On nomme aussi ce poisson l’espadon, l’épée, ou l’empereur.

Ce nom convient mieux à d’autres animaux marins dont la tête est armée aussi d’un os fort long, mais uni et pointu, qui ressemble à la corne fabuleuse de la licorne. Les gens de mer l’appellent sponton. Il est capable de percer un bâtiment et d’y faire une voie d’eau ; mais il y brise quelquefois son os, qui sert de cheville pour boucher le trou.

Les vieilles, grande espèce de morues, sont