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Près de la rivière de Paska, au sud de la Gambie, on voit une sorte d’oiseau à gros bec, qui ressemble beaucoup au merle. Sa chair est fort bonne ; son cri est remarquable par la répétition qu’il fait de la syllabe ha, ha, avec une articulation si nette et si distincte, qu’on prendrait sa voix pour celle d’un homme.

Le kourbalos ou martin-pêcheur, se nourrit de poisson. Il est de la taille du moineau, et son plumage est fort varié ; il a le bec aussi long que le corps entier, fort et pointu, armé au dedans de petites dents qui ont la forme d’une scie ; il se balance dans l’air et sur la surface de l’eau avec un mouvement si vif et si animé, que les yeux en sont éblouis. Les deux bords du Sénégal en sont remplis, surtout vers l’île au Morfil, où il s’en trouve des millions. Leurs nids sont en si grand nombre sur les arbres, que les Nègres leur donnent le nom de villages. Il y a quelque chose de fort curieux dans la mécanique de ces nids. Leur figure est oblongue comme celle d’une poire ; leur couleur est grise ; ils sont composés d’une terre dure, mêlée de plumes, de mousse et de paille, si bien entrelacés, que la pluie n’y trouve aucun passage ; ils sont si forts, qu’étant agités par le vent, ils s’entre-heurtent sans se briser ; car ils sont suspendus par un long fil à l’extrémité des branches qui donnent sur la rivière. À quelque distance, il n’y a personne qui ne les prît pour le fruit de l’arbre. Ils n’ont qu’une petite ouverture,