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Sa langue est d’une petitesse qui n’a point de proportion avec la masse du corps. Il n’a dans les deux mâchoires que quatre dents pour broyer sa nourriture ; mais la nature l’a fourni pour sa défense de deux autres dents qui sortent de la mâchoire supérieure, et qui sont longues de plusieurs pieds. Il se sert avec avantage de ces deux armes. Ce sont les dents qui s’achètent et qui sont mieux connues sous le nom d’ivoire ou de morfil. Leur grosseur est proportionnée à l’âge de l’animal. La partie qui touche la mâchoire est creuse ; le reste est solide et se termine en pointe. Comme les Européens paient ces dents assez cher, c’est un motif qui arme continuellement les Nègres contre l’éléphant. Ils s’attroupent quelquefois pour cette chasse avec leurs flèches et leurs zagaies ; mais leur méthode la plus commune est celle des fosses qu’ils creusent dans les bois, et qui leur réussissent d’autant mieux qu’on ne peut guère se tromper à la trace des éléphans.

La chair de ces animaux est un mets délicieux pour les Nègres, surtout lorsqu’elle commence à se corrompre. Un bon éléphant en fournit presque autant que quatre ou cinq bœufs. La mesure ordinaire de ceux d’Afrique est de neuf ou dix pieds de long sur onze ou douze de hauteur. On en distingue plusieurs sortes ; mais cette différence vient moins de leur forme que des lieux qu’ils habitent. Les éléphans qui se retirent dans les cantons déserts et montagneux sont plus farouches et plus adroits que les au-