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palmier, quoiqu’il ne soit pas si doux. Dans sa jeunesse, le tronc est aussi plein de sève que celui du palmier ; mais le nombre des années le rend dur et coriace.

L’aouara croît en abondance sur le Sénégal. Il est droit, haut, et d’une grosseur égale jusqu’au sommet. On en a vu de la hauteur de cent pieds. Sa tête est environnée d’une écorce dure et inégale, d’où il sort trente, quarante, et jusqu’à soixante branches ; elle sont toutes fort droites, vertes, unies, sans nœuds et flexibles, d’une substance qui tient le milieu entre le roseau dans sa parfaite maturité et le roseau vert. Ces branches sont longues de trois ou quatre pieds, et creuses au centre ; elles se fendent comme l’osier en fils de toutes sorte de grosseur, qui peuvent recevoir différentes sortes de teinture. À leur extrémité, elles produisent une feuille d’un pied de long, qui, venant à s’ouvrir, forme un éventail naturel d’environ deux pieds de largeur. On emploie ces branches à divers usages. Les Nègres en font des cribles pour leurs grains, mais surtout des paniers et des corbeilles qui portent en Amérique le nom de paniers caraïbes, parce que c’est de ces sauvages que les Français en ont tiré l’invention. Les feuilles de l’aouara sont fort commodes, et pourraient être d’une grande utilité, si les Nègres avaient assez d’industrie pour les rendre molles et pliables.

L’arbre que son utilité doit faire placer après les précédens, et qui croît fort commu-