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branche, et laissent la gourde attachée au chicot ; mais il ne leur arrive guère d’en couper plus de deux, dans la crainte d’affaiblir l’arbre. Lorsque la sève a coulé trente ou quarante jours par différentes incisions, ils couvrent de terre grasse et les ouvertures du tronc et la place des branches coupées, pour donner à l’arbre le temps de se rétablir.

Les Nègres n’emploient pas d’échelles pour grimper sur les palmiers, soit qu’ils en veuillent cueillir le fruit ou tirer du vin. Ils se servent d’une sorte de sangle d’osier, ou de gros fil de coton, ou de feuilles sèches de palmier, qui est assez grande dans sa rondeur pour renfermer l’arbre et le Nègre qui veut y monter, en laissant entre l’homme et l’arbre l’espace d’un pied et demi. À l’aide de cette ceinture, contre laquelle un Nègre s’appuie le derrière en pressant l’arbre des pieds et des genoux, il grimpe au sommet avec une agilité surprenante. Il choisit l’endroit auquel il veut attacher sa gourde. Il s’y arrête aussi tranquillement que s’il était assis. On est effrayé de les voir suspendus si haut avec un secours si faible. Moore, dit qu’ils montent, à la vérité avec beaucoup de vitesse ; mais que, lâchant quelquefois prise, ils tombent du haut de l’arbre, et se tuent misérablement.

Le siboa est d’une hauteur extraordinaire. Ses feuilles servent aux habitans pour couvrir leurs maisons. Ils tirent du tronc une sorte de vin qui a beaucoup de rapport avec le vin de