Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/285

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Son fruit, nommé bouï par les Nègres, a une forme oblongue ; il se termine en pointe à ses deux extrémités. Sa longueur est de dix pouces, sur six de diamètre dans la partie la plus renflée qui est au milieu. L’écorce de ce fruit et dure et ligueuse, d’un brun très-noir, marquée par des sillons, et couverte d’un duvet très-fin, très-court, et d’une teinte verdâtre. Quand le fruit est dans sa parfaite maturité, ce duvet disparaît et laisse à nu une coque noire et lisse, qui de loin ressemble a un coco dépouillé de sa première enveloppe. On trouve dans l’intérieur une substance blanche, spongieuse et pulpeuse, imbibée d’une eau aigrelette et sucrée très-agréable au goût. Chaque fruit contient plusieurs centaines de graines. Les Nègres reconnaissent à la pulpe du bouï des vertus admirables. Lorsqu’elle est sèche, ils la réduisent en poudre, la délaient dans du lait, ou même dans de l’eau pure, et en font usage, avec beaucoup de succès, contre les crachemens de sang, et contre d’autres maladies. Ils disent que ceux d’entre eux qui ont la possibilité de faire un usage habituel de la pulpe du bouï et des feuilles du gouï, sont plus forts ; plus robustes, plus braves et plus courageux que les autres.

» Ce fruit est un objet de commerce. Les Mandingues le portent dans la partie orientale et méridionale de l’Afrique, tandis que les Maures ou Arabes le font passer dans le pays de Maroc, d’où il se répand ensuite en Égypte et