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lequel ils voient continuellement les arbres couverts de fleurs et de fruits. L’air est alors d’une fraîcheur charmante ; cependant il conserve une qualité particulière qui ne doit pas être fort saine pour le corps, puisqu’elle est capable de rouiller une clef dans la poche. Le temps des chaleurs excessives est ordinairement la fin de mai, quinze jours ou trois semaines avant la saison des pluies.

Le soleil se fait voir perpendiculairement deux fois l’année. Jamais la longueur du jour ne surpasse treize heures, et jamais il n’y a moins de onze heures, c’est-à-dire, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil ; car on connaît peu les crépuscules en Afrique. La lumière n’y paraît qu’avec le soleil, et l’on se trouve dans les ténèbres aussitôt qu’il disparaît. Ceux qui ont quelques notions de la sphère comprendront aisément que, dans le voisinage de l’équateur, le soleil, étant presque perpendiculaire, doit laisser peu de place à ce qu’on nomme aurore et crépuscule chez les peuples qui ont la sphère oblique.

En général l’air de ces côtes est malsain, surtout vers les rivières, vers les terrains marécageux, et dans les cantons couverts de bois, sur toute la côte, depuis le Sénégal jusqu’à la Gambie. La saison des pluies est pernicieuse à tous les Européens ; et celle des chaleurs, qui dure depuis le mois de septembre jusqu’au mois de juin, ne leur est guère moins funeste, s’ils n’opposent beaucoup de précaution au danger.