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par l’obscurité des accusations, on lui fait prendre un breuvage plus doux, pour le faire paraître innocent aux yeux de la famille et des amis du mort. C’est une espèce de question qu’on rend plus ou moins cruelle, suivant l’opinion qu’on a de l’accusé. La nôtre est également barbare pour les innocens et pour les coupables.

Les bêtes farouches se font craindre jusqu’aux environs des villes et des villages. Les maisons même sont infectées d’une multitude de rats, de serpens, de crapauds, de mousquites, de scorpions, de lézards, et surtout d’une prodigieuse quantité de fourmis. On en distingue trois sortes, les blanches, les noires et les rouges. Celles-ci s’élèvent des logemens de neuf pieds de hauteur, emploient deux ou trois ans à jeter les fondemens de leur édifice, et réduisent en poudre une armoire pleine d’étoffe, dans l’espace de quinze ou vingt jours.

Le terroir est très-fertile : le riz, le millet, les pois, les fèves, les melons, les patates, les bananes et les figues y croissent en abondance et se vendent presque pour rien. La rivière est remplie de poissons, et les habitans en mangent beaucoup plus que de toute autre viande, quoiqu’ils ne manquent d’aucune sorte d’animaux, et qu’on les achète à leur marché. La volaille ordinaire, les pintades, les oies, les canards, les pigeons ne leur coûtent que la peine de les prendre. Leurs champs présentent