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cas parmi les Nègres que dix noix de kola sont un présent digne des plus grands rois. Après en avoir mâché, l’eau la plus commune prend le goût du vin blanc, et paraît mêlée de sucre. Le tabac même en tire une douceur singulière. On n’attribue d’ailleurs aucune autre qualité au kola. Les personnes âgées, qui ne sont plus capables de le mâcher, le font broyer pour leur usage ; mais ce n’est pas le peuple qui peut se procurer un ragoût si délicieux ; car cinquante noix suffisent pour acheter une femme.

Barbot décrit l’arbre qui produit cette fameuse noix ; il lui donne le nom de froglo ; il assure que la région de Sierra-Leone en est remplie ; qu’il est d’une hauteur médiocre ; que la circonférence du tronc est de cinq ou six pieds ; que le fruit croît en pelotons de dix ou douze noix, dont quatre ou cinq sont sous la même coque, divisées par une peau fort mince ; que le dehors de chaque noix est rouge, avec quelque mélange de bleu ; que, si elle est coupée, le dedans paraît d’un violet foncé. Les Nègres et les Portugais en demandent sans cesse, comme les Indiens ne demandent que leurs noix d’arek et leur bétel. Labat parle aussi de ce fruit, et dit que la plus grande partie vient de l’intérieur des terres, environ trois cents lieues de la côte ; l’arbre qui le porte est le sterculia acuminata.

La baie est remplie de poissons de toutes