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en tous temps et en tous lieux. Moore assure qu’ils s’enrichissent tous en peu de temps. Le Maire dit que les marabouts ruinent les Nègres, en leur faisant payer jusqu’à trois esclaves et quatre ou cinq veaux pour un grisgris, suivant les qualités qu’ils lui attribuent.

Les grisgris de la tête se portent en couronne. Ceux du cou se portent en forme de colliers. Les épaules et les bras n’en sont pas moins garnis ; de sorte que cette religieuse parure devient un véritable fardeau. Les rois en sont plus chargés qu’aucun de leurs sujets. Moore prétend que le poids en monte souvent jusqu’à trente livres.

Au reste, ces grisgris pourraient en un sens rendre invulnérable, s’il est vrai, comme le disent les voyageurs, que leur multitude et leur grandeur forment une cuirasse que la zagaie aurait peine à pénétrer. Les grands en ont la tête et le corps tellement couverts, qu’étant presque incapables de se remuer, ils ne peuvent monter à cheval qu’avec le secours d’autrui. Le grisgris du dos et celui de l’estomac sont de la grandeur d’un livre in-4o. et d’un pouce d’épaisseur. Une main de papier est moins épaisse, et l’on assure qu’il n’y a point d’épée qui pût les percer.

Le Moumbo-Dioumbo est une idole mystérieuse des Nègres, inventée par les maris pour contenir leurs femmes dans la soumission. Elles ont tant de simplicité et d’ignorance, qu’elles prennent cette machine pour un hom-