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blée, ils se retirent à l’écart pour observer les mêmes pratiques ; et lorsqu’ils manquent d’eau pour leur ablution, ils emploient de la terre. Brue, qui fut plusieurs fois témoin de leurs cérémonies, eut la curiosité de demander aux marabouts quel était le sens de leurs postures et de leurs prières. Ils lui répondirent qu’ils adoraient Dieu en se prosternant devant lui ; que cette humiliation était un aveu de leur néant aux yeux du premier Être, qu’ils le priaient de pardonner leurs fautes et de leur accorder les commodités dont ils avaient besoin, telles qu’une femme, des enfans, une moisson abondante, la victoire sur leurs ennemis, une bonne pêche, la santé, et l’exemption de toutes sortes de dangers.

Aussitôt qu’ils voient paraître la première lune de l’équinoxe d’automne, ils la saluent en crachant dans leurs mains et en les étendant vers le ciel. Ensuite ils les tournent plusieurs fois autour de leur tête, et répètent à deux ou trois reprises la même cérémonie. En général, les mahométans rendent beaucoup de respect à la nouvelle lune, la saluent aussitôt qu’ils la voient paraître, ouvrent leur bourse, et demandent au ciel que leurs richesses puissent augmenter avec les quartiers de la lune.

La ramadan ou le carême des mahométans nègres est observé avec beaucoup de rigueur. Ils ne mangent et ne boivent qu’après le coucher du soleil. Les dévots n’avaleraient pas même leur salive, et, se couvrent la bouche