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semaines de route de Jamesfort, principal comptoir des Anglais sur la Gambie.

Outre la langue commune, les Mandingues ont un jargon mystérieux entièrement ignoré des femmes, et dont les hommes ne font usage qu’à l’occasion du moumbo dioumbo, dont nous parlerons plus bas. Le créole portugais, qui est une corruption de la langue portugaise, est devenu le langage ordinaire du commerce entre les Européens de la Gambie et les Nègres. Peut-être ne serait-il pas entendu à Lisbonne ; mais les Anglais l’apprennent plus facilement que la langue des Nègres, et leurs interprètes n’en emploient pas d’autres. Les Foulas et plupart des mahométans qui habitent la rivière parlent fort bien l’arabe, quoiqu’ils soient Mandingues. Chaque royaume ou chaque nation a d’ailleurs sa langue particulière.

Les compilateurs des voyages ont placé ici des tables d’un certain nombre de mots des langues nègres. Il semble qu’une esquisse de ces jargons barbares, dans lesquels on ne peut pas même reconnaître les premiers rapports que le langage humain a dû présenter entre les objets et les sons, ne doive pas être fort intéressante pour nous ; cependant la curiosité s’étend sur tous les détails de ces peuplades lointaines, ébauches imparfaites de la nature, et qui donnent aux nations policées le plaisir de sentir toute leur supériorité. Le lecteur retrouvera donc ici les mêmes tables que dans l’Histoire générale des Voyages.