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Le temps où les Nègres sèment est pour eux une saison de fêtes pendant laquelle ils se traitent les uns les autres. Leurs terres sont si fertiles, que la moisson du millet se fait dès le mois de septembre ; et c’est encore l’occasion d’une infinité de réjouissances.

Les rois étant maîtres absolus de toutes les terres, chaque famille est obligée de s’adresser à eux ou à leurs alcades pour se faire assigner la portion dont elle doit tirer sa subsistance. Les Nègres sont si paresseux, qu’ils ne cultivent point assez de terre pour leur usage, et que, leur moisson ne suffisant pas à leurs besoins, ils vivent d’une racine noire qu’ils font sécher jusqu’à ce qu’elle ait perdu son goût naturel, et des pistaches de terre. Si leur moisson manque, ils ne peuvent éviter la plus affreuse famine, et les Européens en ont vu souvent des exemples.

Ils se laissèrent séduire une fois par les promesses d’un de leurs marabouts, de la tribu des Arabes, qui, sous le voile de la religion, s’était rendu maître d’un grand pays entre les états du siratik et les Sérères. Cet imposteur trouva le moyen de leur persuader qu’il était inspiré du ciel pour les venger de la tyrannie de leurs princes. Il leur promit des forces miraculeuses pour les soutenir dans leur révolte ; et, ce qui fit sur eux encore plus d’impression, il leur garantit que leurs terres produiraient chaque année une moisson abondante, sans qu’ils prissent la peine de les cultiver. La paresse des