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Ils observent des saisons pour semer leurs grains, surtout pour planter le tabac, dont chaque famille cultive sa provision autour de ses cabanes. Ils n’apportent pas moins de soin à la culture du coton, et la plupart des villages en ont des champs entiers.

Comme ils n’ont pas de pluie depuis le mois de septembre jusqu’à la fin de mai, la terre est si dure dans cet intervalle, qu’ils ne peuvent la cultiver. Les pluies commencent vers la fin de mai, et continuent dans le mois de juin avec une grande violence, un tonnerre et des éclairs épouvantables ; et la terre ne pouvant manquer d’être assez amollie, c’est la saison du labourage. Le plus mauvais temps, c’est-à-dire l’extrême violence des eaux, se fait ordinairement sentir depuis le milieu de juin jusqu’à la fin de septembre ; c’est alors que les rivières s’élèvent de trente pieds perpendiculaires ; mais jusqu’à la fin d’octobre les pluies et les eaux diminuent par degrés comme elles ont commencé.

Pour semer le millet, le Nègres mettent un genou à terre, font de petits trous comme on en fait en Europe pour planter des pois, y jettent trois ou quatre grains, et bouchent chaque trou de la même terre. D’autres ouvrent des sillons en ligne droite, y jettent leur millet et les couvrent de même ; mais la première de ces deux méthodes est la plus commune, parce que plus le grain est enfoncé dans la terre, plus il est en sûreté contre les oiseaux, dont le nombre est incroyable.