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Ils font sécher le petit poisson entier, et mettent le grand en pièces ; mais, comme ils ne le salent jamais, il se corrompt ordinairement avant d’être sec : c’est alors qu’ils le trouvent meilleur et plus délicat. Les pêcheurs vendent ce poisson dans l’intérieur des terres, et pourraient en tirer un profit considérable, s’ils avaient moins de paresse à le transporter. Mais, les habitans et les pêcheurs redoutant également le travail, il demeure quelquefois sur le rivage jusqu’à ce qu’il soit entièrement corrompu.

Le nombre des pêcheurs est fort grand à Rufisque, et dans d’autres lieux sur les côtes voisines du Sénégal. Ils se mettent ordinairement trois dans une almadie ou une pirogue avec deux petits mâts, qui ont chacun deux voiles ; et si le temps n’est pas orageux, ils se hasardent quelquefois quatre ou cinq lieues en mer. L’heure de leur départ est toujours le matin avec le vent de terre. S’ils ont fini leur pêche, ils reviennent à midi avec le vent de mer. Lorsque le vent leur manque, ils se servent d’une sorte de pelle pointue, avec laquelle ils rament si vite, que la meilleure pinasse aurait peine à les suivre.

Avec la ligne, ils ont des filets de leur propre invention, composés, comme leurs lignes, d’un fil de coton. D’autres pêchent pendant la nuit, en tenant d’une main une longue pièce d’un bois combustible qui leur donne assez de clarté ; et de l’autre un dard, dont ils