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mais qui sont fort éloignés de la même perfection. Ils ont des trompettes, des tambours, des flûtes et des flageolets.

Leurs tambours sont des troncs d’arbres creusés, et couverts, du côté de l’ouverture, d’une peau de chèvre ou de brebis assez bien tendue. Quelquefois ils ne se servent que de leurs doigts pour battre ; mais plus souvent ils emploient deux bâtons à tête ronde et de grosseur inégale, et d’un bois fort dur et fort pesant, tel que le courbaril ou l’ébène. La longueur et le diamètre des tambours sont aussi différens, pour mettre de la variété dans les tons. On en voit de cinq pieds de long, et de vingt ou trente pouces de diamètre ; mais en général le son en est mort, et moins propre à réjouir les oreilles ou à réveiller le courage qu’à causer de la tristesse et de la langueur. Cependant c’est le seul instrument favori, et comme l’âme de toutes les fêtes.

Dans la plupart des villes, les Nègres ont un grand instrument qui a quelque ressemblance avec leur tambour, et qu’ils nomment tong-tong. On ne le fait entendre qu’à l’approche de l’ennemi, ou dans les occasions extraordinaires, pour répandre l’alarme dans les habitations voisines. Le bruit du tong-tong se communique jusqu’à six ou sept milles.

Les flûtes et les flageolets des Nègres ne sont que des roseaux percés ; ils s’en servent comme les sauvages de l’Amérique, c’est-à-dire fort mal, et toujours sur les mêmes tons : ils n’en