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D’un autre côté, les guiriots chantent les louanges du mort.

L’usage général est de faire un folgar pour toute l’assemblée. On tue quelques veaux ; on vend des esclaves pour acheter de l’eau-de-vie. Après la fête, on ôte le toit de la cabane où le mort doit être enterré ; c’est celle qui lui servait de demeure ; on renouvelle les cris et les plaintes. Quatre personnes soutenant une pièce d’étoffe carrée qui cache le corps à la vue des assistans, le marabout lui prononce quelques mots dans l’oreille ; après quoi il est couvert de terre, et l’on replace le toit, ou le dôme de la maison, auquel on attache un morceau d’étoffe de la couleur que les parens aiment le plus. Nous avons déjà vu que le folgar était le bal des Nègres. Ainsi ces peuples pleurent leurs morts en donnant le bal et en buvant l’eau-de-vie. C’est qu’ils aiment l’eau-de-vie et la danse, et que chez les peuples barbares vous verrez toujours les usages conformes aux penchans.

À la mort d’un roi ou d’un grand, on fixe un temps pour les cris ; c’est ordinairement un mois ou quinze jours après le décès. Ces cris ne sont pas plus une preuve de là douleur des peuples que les oraisons funèbres parmi nous ne sont une preuve du mérite des grands.

Tous les habitans de cette partie de l’Afrique sont passionnés pour la musique et la danse. Ils ont inventé plusieurs sortes d’intrumens qui répondent à ceux de l’Europe,