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occasions, il n’a que l’esclavage à redouter. Barbot raconte que, sous les plus légers prétextes, sans égard pour le rang ni pour la profession, un roi fait vendre à son gré ses sujets. L’alcade de Rufisque vendit aux Français de Gorée, par l’ordre exprès du damel, un marabout qui avait manqué à quelque devoir du pays. Ce malheureux prêtre fut plus de deux mois sur le vaisseau sans vouloir prononcer une parole. Comme la volonté des princes est une loi souveraine, ils imposent des taxes arbitraires qui réduisent tous leurs sujets à la dernière pauvreté.

Dans le royaume de Barsalli ou Boursalum, il n’y a que le roi et sa famille qui aient le droit de coucher sous des espèces d’étoffes qui servent de défense contre les mouches et les mosquites. L’infraction de cette loi est punie de l’esclavage. Un Iolof qui aurait la hardiesse de s’asseoir sans ordre sur la même natte que la famille royale, est sujet au même châtiment. L’orgueil et la tyrannie siégent donc sur des nattes comme sur la pourpre ! Mais, malgré tant de hauteur, les princes iolofs sont des mendians si peu capables de honte, que, s’ils aperçoivent à l’étranger qui les visite quelque chose qui leur plaise, comme un manteau, des bas, des souliers, une épée, un chapeau, etc., ils demandent successivement qu’on leur permette d’en faire l’essai, et se mettent par degrés en possession de toute la parure.

Les épreuves du fer chaud et de l’eau bouil-