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devant la porte pour en disputer l’entrée, mais le mari trouve le moyen de se les concilier par des présens. Il fait paraître alors un de ses parens, bien monté, avec la commission de lui amener sa femme à cheval ; mais à peine est-elle en croupe, que les femmes commencent leurs lamentations et s’efforcent de l’arrêter. Cependant les droits du mari l’emportent ; il reçoit celle qui doit être la compagne de sa vie. Il fait éclater sa joie par les festins qu’il donne à ses amis. Les réjouissances durent plusieurs jours ; sa femme est la seule qui n’y est point appelée : elle n’est vue de personne, pas même de son mari, aux yeux duquel la loi veut que pendant trois ans elle paraisse toujours voilée. Ainsi Job, qui n’en avait passé que deux avec la sienne lorsqu’il tomba dans l’esclavage, et qui avait eu d’elle une fille, ne l’avait point encore vue sans voile. Pour éviter les jalousies et les querelles, les maris font un partage égal du temps entre leurs femmes ; et leur exactitude à l’observer va si loin, que pendant qu’une femme est en couches ils passent seuls dans leur appartement toutes les nuits qui lui appartiennent. Ils ont le droit de renvoyer celles qui leur déplaisent, mais en leur laissant la somme qu’elles ont reçue pour dot. Une femme est libre de se remarier après ce divorce, et n’en trouve pas moins l’occasion ; au lieu que, si c’est elle qui abandonne son mari, non-seulement elle perd sa dot, mais elle tombe dans un mépris