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et, plaçant un de ses gens pour observer l’ennemi, il se disposa fièrement au combat avec les trois autres. Il perdit un homme dans l’action, et lui-même fut blessé au bras d’un coup d’épée ; mais ayant tué le capitaine arabe et deux de ces brigands, il força le reste de prendre la fuite. Un autre jour, ayant trouvé une des vaches de son père à moitié dévorée, il résolut de prendre le monstre dont elle avait été la proie. Il se plaça sur un arbre près de la vache, et vers le soir il vit paraître deux lions qui s’avancèrent à pas lents et jetant leurs regards autour d’eux avec un air de défiance. L’un s’étant approché, Job le perça d’une flèche empoisonnée qui le fit tomber sur la place. Le second qui vint ensuite fut aussi blessé ; mais il eut la force de s’éloigner en rugissant, et le lendemain il fut trouvé mort à cinq cents pas du même lieu.

Il avait de l’aversion pour les peintures ; on eut beaucoup de peine à le faire consentir qu’on tirât son portrait. Lorsque la tête fut achevée, on lui demanda dans quels habits il voulait paraître ; et sur le choix qu’il fit de l’habillement de son pays, on lui dit qu’on ne pouvait le satisfaire sans avoir vu les habits dont il parlait, ou du moins sans en avoir entendu la description. « Pourquoi donc, répliqua Job, vos peintres veulent-ils représenter Dieu qu’ils n’ont jamais vu ? »

Sa religion était le mahométisme ; mais il rejetait les notions d’un paradis sensuel et