Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 2.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

muscade, et fort dur ; mais l’amande qu’il contient a le goût d’une noisette. Les Nègres sont passionnés pour ce fruit : après en avoir séparé une partie, qui tient de la nature du suif, ils pilent le reste et le mettent dans l’eau chaude : il s’en forme une graisse qui surnage ; c’est ce qui leur tient lieu de beurre ou de lard avec leurs légumes, et quelquefois sans aucun mélange. Les blancs qui en mangent sur le pain ou dans les sauces ne le trouvent pas différent du lard, à la réserve d’une petite âcreté qui n’est pas désagréable. Brue paraît persuadé que l’usage de cette graisse est fort sain ; les Nègres l’emploient d’ailleurs avec succès pour la guérison des rhumatismes, des sciatiques, des douleurs de nerfs et des autres maladies de cette nature ; ils la préfèrent beaucoup à l’huile de palmier : leur méthode est d’en frotter devant le feu les parties attaquées, pour y faire pénétrer la graisse autant qu’il est possible, de les couvrir ensuite avec du papier gris le plus doux, et de les tenir chaudement sous quelque drap fort épais.

Nous joindrons à ce chapitre un fragment historique qu’on ne lira pas sans quelque intérêt ; ce sont les aventures d’un prince nègre que le hasard fit tomber dans l’esclavage, et dont l’histoire écrite en anglais par Bluet, qui avait été un de ses intimes amis en Amérique et en Angleterre, est confirmée par des témoignages irrécusables. Il s’appelait Eyoub Ibn Souleyman ; ou Job ben Salomon. Son