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commencent à se fatiguer, ils fondent dessus au grand galop, et les achèvent à coups de flèches et de zagaies.

L’autruche est d’une voracité singulière. Elle dévore tout ce qu’elle rencontre ; herbe, blé, ossemens d’animaux, jusqu’aux pierres et au fer. Mais les corps durs passent au travers de son corps avec peu d’altération. D’une infinité de vertus que les chimistes attribuent à cet oiseau, on n’en connaît pas une assez avérée pour mériter un éloge sérieux. Son principal mérite consiste dans ses plumes : elles sont en usage dans tous les pays de l’Europe pour les chapeaux, les dais, les cérémonies funèbres, et surtout pour les habillemens de théâtre. En Turquie, les janissaires s’en servent pour orner leurs bonnets. On n’estime que celles qui sont arrachées à l’oiseau tandis qu’il est vivant. Mais les Arabes en font des amas, dans lesquels il font entrer indifféremment les bonnes et les mauvaises. Dans la difficulté de les distinguer, les facteurs n’ont qu’une règle, c’est de presser le tuyau, qui doit rendre une liqueur rouge semblable à du sang, lorsque les plumes sont d’une autruche vive ; autrement elles sont légères, sèches, et fort sujettes aux vers.

Ce fut sous les auspices de Brue qu’un de ces facteurs, nommé Compagnon, pénétra jusque dans le royaume de Bambouk, célèbre par ses mines, d’où les Mandingues du royaume de Galam et les Saracolez tiraient