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tesse surprenante, surtout avec la faveur du vent ; elles lui servent de voiles, et rien n’égale alors sa légèreté ; au lieu que, si le vent est contraire, leurs ailes cessent de les aider, et leur course est moins rapide.

Les autruches multiplient prodigieusement. Elles couvent leurs œufs plusieurs fois l’année, et jamais elle n’en pondent moins de quinze ou seize à la fois. Ce n’est point en reposant dessus qu’elles leur rendent l’office de mères : elles les placent au soleil, où la chaleur les fait éclore, et les petits n’ont pas plus tôt vu le jour, qu’ils cherchent leur nourriture. Les œufs sont fort gros ; il s’en trouve qui pèsent jusqu’à quinze livres, et qui suffisent pour rassasier sept personnes. On assure qu’ils sont de bon goût et fort nourrissans. L’écaille en est blanche, unie et fort dure, quoique d’une épaisseur médiocre. On en fait des tasses et des ornemens pour les cabinets des curieux. Les Turcs et les Persans les suspendent à la voûte de leurs mosquées.

Les Arabes n’estiment pas seulement l’autruche pour ses plumes, qui sont une marchandise recherchée, mais encore pour sa chair, qui, toute rude qu’elle est, passe chez eux pour un mets délicat. Comme ils ont peu d’adresse à tirer, qu’ils sont mal pourvus d’armes à feu, et qu’ils n’ont pas de chiens formés à la course, ils chassent les autruches à cheval, en prenant soin de les pousser toujours à contre-vent. Lorsqu’ils s’aperçoivent qu’elles