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c’est à la dysenterie et à la pleurésie ; mais ils s’en guérissent eux-mêmes avec le secours des simples. Barbot assure nettement qu’ils ne sont sujets à aucune maladie, et que l’air de Sahara est si bon, qu’on y porte les malades comme à la source de la santé et de la vie.

Les marabouts sont presque les seuls qui sachent lire l’arabe ; en général, toute la nation est ensevelie dans l’ignorance. Cependant il se trouve un grand nombre de particuliers qui connaissent fort bien le cours des étoiles, et qui parlent raisonnablement sur cette matière. L’habitude qu’ils ont de vivre en pleine campagne leur donne beaucoup de facilité pour les observations. Ils ont presque tous l’imagination fort vive, et la mémoire excellente ; mais leur histoire est mêlée de tant de fables, qu’il est difficile d’y rien comprendre. Leur habileté principale est pour le commerce. Ils n’ignorent rien de ce qui appartient à leurs intérêts : ils sont adroits et trompeurs ; sans goût pour les arts, ils ne laissent pas d’aimer la musique et la poésie. L’instrument qui les anime le plus ressemble à nos guitares. Ils composent des vers qui ne paraissent pas méprisables à ceux qui connaissent le génie des langues orientales, dont la leur est descendue.

Cette partie de l’Afrique produit des chameaux d’une grosseur et d’une force extraordinaires ; ils ne sont pas incommodés d’un poids de douze cents livres. On les accoutume à se mettre à genoux pour recevoir leurs char-