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teaux à table. Si l’on prépare des poules ou quelque autre pièce de volaille au riz, on les coupe en quartiers, après quoi il n’est plus besoin de couteau pour les dépecer autrement, parce que l’un en prend un quartier qu’il présente à son voisin ; et celui-ci tirant de son côté tandis que l’autre tire du sien, le partage est fait en un moment. Ils mangent, comme au Levant, assis à terre et les jambes croisées, autour d’un cercle de cuir rouge ou d’une natte de palmier, sur laquelle on sert les alimens dans des plats de bois ou dans des bassins de cuivre : ils mangent successivement leur pain et leur viande, et jamais ils ne boivent qu’à la fin du repas, lorsqu’ils quittent la table pour se laver. Les femmes ne mangent point avec les hommes. L’usage ordinaire est de manger deux fois par jour, le matin et vers l’entrée de la nuit. Les repas sont courts et se font avec un grand silence ; mais la conversation vient ensuite, du moins entre les personnes de distinction, lorsqu’on commence à fumer, à boire du café ou du vin et de l’eau-de-vie, pour se procurer les amusemens que chacun peut tirer de son rang et de ses richesses. Les marabouts même ne se refusent pas ces plaisirs, lorsqu’ils peuvent les prendre secrètement et sans scandale.

Les Maures de ces contrées n’ont pas de médecine : la santé, qui est un bien commun dans leur nation, les délivre de cette servitude. S’ils sont sujets à quelques maladies,