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Mémoires

sa paroisse. Elle s’y trouva avec M. le comte d’Auvergne, son fils, et mademoiselle de La Luzerne[1]. Mon mari étoit présent ; mon enfant fut nommé Louis, qui est son nom, que j’ai toujours fort aimé. J’oubliois de dire que M. le prince de Conty[2] en avoit tenu un aussi dans le même moment, et que cette bonne princesse ramena ces jeunes princes à l’hôtel d’Augoulême[3] avec leurs petites commères, et mon fils aussi. Il y eut une fort belle collation ; madame la comtesse d’Alais fit ses libéralités à ma sage-femme et à ma nourrice. Ces bonnes créatures n’en avoient jamais tant eu ; elles m’en témoignèrent leur joie à leur retour. Mon mari fit ses remerciements à cette princesse de l’honneur qu’il venoit de recevoir d’elle, et à M. le comte d’Auvergne le plus civilement qu’il put ; elle lui dit : « Monsieur, madame ma belle mère vous a toujours considéré, et madame votre femme aussi ; je vous assure que je n’en ferai pas

  1. Claire de La Luzerne. Elle épousa plus tard Louis ou Jacques d’Argouges, baron de Gratot.
  2. Armand de Bourbon, prince de Conty, frère du grand Condé.
  3. Il existe encore. Il porte dans la rue Pavée le n° 24. Commencé par Diane de France, fille légitime de Henry II, continué par le duc d’Angoulême, il n’a été achevé que vers 1718 par Chrétien de Lamoignon, président à mortier. Il n’y a du duc d’Angoulême que les deux ailes. « Aujourd’huy, dit M. Paulin Paris dans son savant commentaire sur les Historiettes de Tallemant des Réaux, l’hôtel de Diane de France, duchesse de Montmorency, de Charles d’Angoulême et de l’honorable maison de Lamoignon appartient à un marchand de toiles, nommé M. Pruneau, et plus de vingt locataires s’en partagent la jouissance à des prix fort modiques. »